Pour jeter l'anathème sur un homme politique ou un concept, il suffit de les qualifier de "libéraux", en prenant soin d'y adjoindre le préfixe "ultra".Aucun candidat ne propose de "libérer" le citoyen, tous proposent de le "protéger" : protectionnisme contre les méchants étrangers, protection sociale pour tous, etc. :
La Sécurité sociale (...) accentue l'emprise de la collectivité sur tous les risques de la vie. Pas plus que Tanguy n'envisage de quitter le domicile de ses parents, les Français ne veulent sortir de ce cocon collectif. Comment faire confiance à la responsabilité individuelle de chacun pour résoudre au mieux les problèmes économiques ? Cela n'a rien d'intuitif.Rappelons que 50% du budget de l'Etat est dépensé en subventions, l'argent public ayant toujours vocation à finir dans des poches privées. L'Etat vous prend et vous rend, en se servant au passage.
Pourtant la France vit une libéralisation honteuse : ses hommes politiques se sont abrités derrière l'Europe pour imposer les réformes qui ouvrent le pays à la concurrence internationale.Restent des universitaires comme Jacques Garello, Pascal Salin ou Jacques Marseille, quelques mouvements comme Alternative Libérale, ou quelques individus comme le Dr Claude Reichman, qui combat sans relâche contre le monopole de la Sécurité sociale. Les idées libérales sont aussi défendues par quelques chefs d'entreprise, mais les patrons ne sont guère portés sur la réflexion théorique et l'engagement politique. Surtout, les entreprises françaises ont trop goûté au poison des subventions, notamment pour compenser les surcoûts occasionnés par les trente-cinq heures. Elles ne sont pas disposées à prêcher pour un désengagement trop rapide de l'Etat.
David Victoroff termine sur un constat désabusé :
Plus que la liberté, les Français chérissent l'égalité et la sécurité. Ils appellent cela "être républicain".En revanche je ne suis pas d'accord avec son analyse de l'Etat-providence comme conséquence du libéralisme : la disparition des solidarités naturelles, sous l'effet de l'expansion de l'individualisme concurrentiel sur lequel le libéralisme se fonde, a conduit l'Etat à se substituer aux anciennes structures organiques (familiales, communautaires) dans les tâches d'assistance sociale (ce commentaire illustre bizarrement la photo d'une grève des transports).
L'analyse libertarienne est plutôt que l'Etat cherche à s'étendre toujours plus, et que naturellement il en vient à supprimer les solidarités naturelles pour les remplacer par l'assistanat et la solidarité forcée, ce qui lui fournit une raison d'être et un monopole des plus juteux.
Une autre réflexion que je me fais de plus en plus est l'importance du symbolique en politique, et là il me faudrait un psychothérapeute pour analyser ça à fond. On sait que tous les dispositifs étatiques, SMIC, ISF, etc., aboutissent au contraire de l'effet escompté, et pénalisent en réalité ceux auxquels ils étaient censés profiter. Ils n'ont d'autre importance que d'être des symboles aux yeux des naïfs, des simulacres de protection. Il est très difficile de lutter contre la charge symbolique de ces dispositifs et de démonter le matraquage mensonger si habile des politiciens, qui vous vendent de la (fausse) sécurité contre des impôts et des postes politiques à leur profit.
Comme le dit Dilbert : "les symboles deviennent très vite des diaboles, des obstacles mentaux". C'est à mon avis un problème de maturité. Vivement que les Français deviennent adultes !
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